
En 2011, des ateliers régionaux dans sept régions de Madagascar ainsi qu’un atelier national ont été organisés afin de capitaliser les expériences et les stratégies des structures de base concernant la gestion durable des ressources naturelles. A partir des résultats de ces ateliers, les communautés de base ont conclu que pour obtenir des résultats effectifs dans la gestion durable des ressources naturelles et assurer le développement durable des communautés, il est primordial de redonner au Fokonolona sa place dans les prises de décision et de responsabilités concernant les ressources naturelles de son terroir. Pour relever ce grand défi, les communautés de base ont décidé d’unir leur force. Ainsi, le 22 mai 2012, les représentants des 482 structures de base venant de 17 régions de Madagascar se sont réunis à Anja Ambalavao pour créer le Réseau de Fokonolona gestionnaires des ressources naturelles TAFO MIHAAVO

VALEURS ET PRINCIPES DU TAFO MIHAAVO
– Ressources naturelles valorisées durablement et léguées aux générations successives;
– Partage équitable des avantages de la valorisation des ressources naturelles conduisant à l’autonomie du Fokonolona;
– Ancrage du développement local au niveau du Fokonolona qui établit lui-même son plan et schémas de développement prenant en considération les contextes naturels et bioculturels;
– Appui des autres parties prenantes en matière de faisabilité et de mise en oeuvre techniques et financiers;
– Reconnaissance du Fokonolona , de ses organisations et structures fédératives à tous les niveaux à partir de la base;
– Prise en main de la gouvernance de son terroir par le Fokonolona qui, à ce titre, met en place les structures nécessaires à son niveau pour la gestion des ressources naturelles;
– Le Fokonolona peut aussi négocier et collaborer avec d’autres parties prenantes avec une redevabilité mutuelle claire et bien définie

– Insuffisance du pouvoir et des responsabilités du Fokonolona dans les prises de décision et la gestion des ressources naturelles, favorisant le pillage des ressources naturelles ;
– Abus de pouvoir au détriment du Fokonolona dans les modes de gestion des ressources naturelles ;
– Abus des illettrés (analphabétisme) par les lettrés ;
– Incohérence de la culture moderne et traditionnelle, ayant déjà respecté les ressources naturelles, perturbant de ce fait, la société ;
– Non respect de la structure du Fokonolona et des valeurs locales par les étrangers ;
– Pas de retombée des avantages découlant des conventions internationales sur l’environnement, l’exploitation et l’utilisation de ses ressources au Fokonolona ;
– Ignorance et non maîtrise du Fokonolona des textes le concernant et ceux relatifs à l’environnement ;
– Non effectivité des textes existants servant les intérêts du Fokonolona ;
– Incohérence des nombreux textes sur les ressources naturelles (foncier, GELOSE, COAP, Code pétrolier, Code minier…);
– Existence de plusieurs textes et dina non concertés et ne servant pas les intérêts du Fokonolona ;
– Incompréhension concernant le partage de responsabilités entre Fokonolona et VOI en matière de gouvernance et de gestion ;
– Capacités de gestion des ressources naturelles de certains Fokonolona encore faibles ;
– Peu de considération accordée aux succès et réussites du Fokonolona.
– Respect des biens et des services communs et de l’identité culturelle des terroirs
– Education, développement, gouvernance, gestion, exploitation, valorisation et aménagement respectant et véhiculant l’interrelation entre identité culturelle et richesses naturelles
– Acquisition et transfert de connaissances et de compétences pour le développement, la gouvernance, la gestion et l’aménagement du terroir du Fokonolona, notamment sa capacité à le délimiter et à le faire respecter
– Respect et promotion de la culture malagasy servant de base à toutes actions de développement
– Prise de conscience de tout un chacun en ce que les richesses naturelles assurant la subsistance et les besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.
– Renforcement des fonds communautaires du Fokonolona à l’échelle locale : témoins de la solidarité et de la confiance mutuelle garant de la sécurité. « Trano atsimo sy avaratra ka izay tsy mahalena ialofana » (Deux maisons au sud et au nord, rapprochées l’une de l’autre : on s’abrite sous celle qui ne coule pas.)
– Etablissement de la fondation communautaire du Fokonolona comme levier du développement durable et de la résilience à la base garantissant au terroir l’autonomie du point de vue culturel, social, économique et environnemental
– Fokonolona uni sans exception, vivant et œuvrant ensemble au niveau des terroirs
– Renforcement du pouvoir du Fokonolona dans les actions juridiques et judiciaires.