UNION MAITSO (Union verte) : VALORISATION DE LA FORET DE TAPIA ET DU SAVOIR-FAIRE TRADITIONNEL SUR LA SOIE SAUVAGE POUR AMELIORER LE BIEN-ETRE DE LA POPULATION
Dans la Commune d’Arivonimamo II, dans la Région d’Itasy (partie centrale de Madagascar), 19 communautés de base réunies dans l’ « Union Maitso » ou union verte gèrent une forêt de Tapia de 2 240 ha. Les membres de l’Union Maitso représentent 2/3 de l’ensemble de la communauté habitant du terroir appelé Fokonolona. L’Union regroupe les acteurs et groupes socio-économiques du terroir dont les gestionnaires quotidiens de la forêt, les cueilleurs de cocons et de sous-produits, les producteurs de fils, les tisserands, les agriculteurs, les vanniers … réunis par la détermination commune de protéger la forêt de Tapia et l’ambition de valoriser les produits, les connaissances et les savoirs de leur terroir natal.
Les problèmes rencontrés
Depuis 1980, la forêt de Tapia (Uapaca bojeri), espèce endémique à Madagascar, subit des exploitations abusives pour la fabrication de charbons et de bois de chauffe. Le tiers de la forêt a disparu en dix ans. En outre, la filière soie sauvage, renommée du terroir depuis le temps de la monarchie a considérablement chuté. Ces faits ont entraîné des perturbations sur le plan économique, écologique et social du terroir.
Créée en : | 2004 |
Bénéficiaires directs: | 2 000 membres |
Forêt de Tapia gérée: | 2 240 ha |
Produits du terroir : | produits de la soie sauvage (connus sous le label landin’Itasy), les produits de la vannerie, les fruits de Tapia… |
Biodiversités: | insectes, oiseaux notamment les « Marotaina » Acridotheres tristis, champignons, chrysalides, chaumes, plantes médicinales… |
Les défis relevés
• Une gestion efficace de la forêt de Tapia
En 2001, face aux problèmes rencontrés, sous l’impulsion du maire d’Arivonimamo II, le service des forêts a initié le transfert de la responsabilité de gestion de la forêt aux communautés locales
L’application des contrats sociaux communautaires appelés « dina », des règlements intérieurs et des arrêtés régionaux ainsi que l’exécution du plan d’aménagement et de gestion du terroir : confection des pare-feux, enlèvement des espèces introduites, production des jeunes plants et reboisement de Tapia, suivis et contrôle… permettent de garder la forêt quasi-intacte.
Pendant les dix années de gestion par Union Maitso et ses 19 communautés de base membres, on n’a noté aucun feu de brousse ni feu de forêt. La forêt de Tapia ne subit plus aucun défrichement et ses ressources ligneuses et non ligneuses ont multiplié naturellement et par enrichissement, d’au moins 10 000 plants de Tapia.
• Une valorisation des produits du terroir et une amélioration des savoir-faire transmis de génération en génération
Les produits de la soie sauvage, auparavant utilisés habituellement comme linceuls ou réservés aux familles royales, sont maintenant très prisés dans la mode des jeunes et deviennent une marque de distinction pour les hommes et les femmes.
L’union utilise des cages de multiplication du vers à soie sauvages Borocera madagascariensis, également endémique des hautes terres de Madagascar, qui se nourrissent de feuilles de Tapia dont les chenilles sont ensuite diffusées dans la forêt.
L’union maîtrise la diversification des produits de la fabrication de tissus à la teinture des fils par des produits naturels avec des savoir-faire et expérimentations locaux au développement de la vente. Un festival annuel de la soie est organisé par la région. Les produits labellisés « Landin’Itasy » ou soie de l’Itasy et les cultures du terroir sont actuellement reconnus au niveau national.
Bien-être communautaire et moyens d’existences durables
Parmi les 400 foyers du terroir, 55% gagnent 750000 Ariary/foyer/an (US$ 340) avec la collecte de cocons vendus aux collecteurs ou aux producteurs de fil à 7500 Ariary/kg. La production et vente de fil offre 840 000 Ariary/foyer en 6 mois à 25% des foyers.

Les produits de la soie sauvage qui fait le renommé du terroir
Au moins 55% des ménages acquièrent plus de 1200000 Ariary/personne à temps partiel, soit l’équivalent du salaire minimum annuel à Madagascar par la vente des produits de tissage ou des sous- produits de la forêt tels les champignons, les fruits de Tapia, les chrysalides (très riches en protéines), les plantes médicinales et les paniers fabriqués à partir des chaumes de sous-bois de Tapia, à part ceux utilisés directement par les familles.
Les emplois saisonniers générés par le développement de la filière permettent encore aux familles de s’occuper de l’Agriculture. Avec la technique améliorée initiée depuis l’initiative, le rendement agricole a doublé.
Des indices comme l’augmentation et l’amélioration de la qualité des maisons d’habitation et du nombre de zébus dans le terroir sont constatés.
Le tiers des enfants qui ne pouvaient pas continuer leurs études secondaires auparavant vont actuellement dans la ville voisine avec des frais de 35000 Ariary/mois/enfant.