VOI FIKASOA : UNE GOUVERNANCE ET GESTION COMMUNAUTAIRES EFFICACES ET DURABLES DE MANGROVES, LAC ET RECIFS CORALLIENS
Le VOI FIKASOA est une organisation communautaire regroupant la population d’Andrevo Bas, dans la Commune de Manombo, Région Sud-Ouest de Madagascar. Plus de 85% des 1169 membres du VOI vivent de la pêche.
Avec l’appui de ses partenaires, FIKASOA a créé 5,5 ha de réserve permanente pour préserver les bancs coralliens. En outre, depuis 2001, elle utilise un système de gestion communautaire de 40 ha de Mangrove et 3ha de lac à joncs.
Créée en : | 2001 |
Bénéficiaires: | 1169 individus |
Forêt de Mangroves gérée: | 40 ha |
Réserve marine gérée avec l’Association FIMIHARA: | 5,5 ha |
Ménages: | 511 |
Biodiversités: | crocodiles (Crocodylus niloticus), poissons d’eau douce (Tilapia, anguilles…), oiseaux (Hérons :Ardea cinerea firasa ou pendaloha), crevettes, crabes, mollusques (poulpes, calmars, coquillages…), coraux, 4 espèces palétuviers (Bruguiera gymnorhyza, Avicenia marina, Sonneratia alba, Rhizophora) |
Lac à joncs protégé : | 3 ha |
Les problèmes rencontrés
A moins de 20 m de profondeur, le Grand Récif de Toliara situé dans le canal du Mozambique, est en bon état avec une formidable richesse biologique supposée être le second hot spot de la biodiversité corallienne. Toutefois, des études ont montré que le littoral connaît une perte massive de la couverture corallienne entre 1962 et 2011, allant de 37 à 79 % . Pourtant, les récifs procurent des niches écologiques et des puits de carbone océaniques importants. Pour le cas d’Andrevo, sa zone corallienne importante fait partie de la portion de côte qui se trouve entre Morombe et Toliara. Les explorations réalisées en 2006-2007, ont permis de signaler que les bancs coralliens sont encore très bien préservés tandis que les récifs frangeants notamment les platiers sont en état de dégradation maximum.
A cause des exploitations massive et irrationnelle des bois de palétuviers par la population locale, une importante partie de la forêt de mangroves, située aux alentours du village, a été détruite. Les bois ont été utilisés pour la construction de maisons, la cuisson, la production de charbon…


Les défis relevés
Depuis l’an 2001, FIKASOA a reçu le transfert de responsabilité de gestion des ressources naturelles par les services techniques et assure la gestion de ses
ressources. Dès lors, les responsables de l’association avaient constaté une amélioration de l’état de santé des ressources naturelles et en particulier celui de
la forêt de mangroves.
En appliquant le contrat social appelé « dina », FIKASOA assure la durabilité des ressources naturelles et de la pêche en contribuant à la conservation des niches
écologiques et zones de nurseries pour assurer un stock durable de poissons et d’autres ressources marines pour les futures générations.

La forêt de mangroves de 40 ha gérée durablement par FIKASOA
Un changement dans le taux de salinité de l’eau irriguant le lac a ralenti la croissance des joncs, Fikasoa a su mettre en place des infrastructures permettant de
contrôler la salinité par l’arrivée de l’eau de mer et de l’eau douce. Pour la bonne croissance des joncs, principale matière première pour la fabrication des
cases locales, la population a construit un canal de 1200m avec une digue de protection afin de contrôler la salinité de l’eau desservant le lac de joncs. Les
25000 pieds de mangroves reboisés et répartis sur 10ha devront permettre de rétablir la zone de nurserie de nombreuses espèces de l’écosystème marin ainsi qu’à la
protection du récif contre l’érosion, lui aussi niche écologique.
Bien-être communautaire et moyens d’existences durables
La préservation des récifs et des mangroves du terroir assure un stock durable de poissons et de ressources marines pour les 430 ménages du terroir. Cependant,
pour éviter une pression supérieure à la capacité de régénération des ressources, FIKASOA a développé l’algoculture assurant actuellement 10 à 30% du revenu total
de 50 ménages
De plus l’initiative des 180 femmes du terroir a permis de générer un fonds permettant de financer les activités des femmes mareyeuses pour améliorer le revenu du
ménage. Cette amélioration se traduit par l’existence d’une école privée témoignant la capacité des parents à payer une meilleure scolarisation.
FIKASOA a un système de traitement des produits de la pêche et projette de constituer une coopérative afin d’éviter la situation de monopole du client et de
développer la culture de holothurie, filière très prisée en Asie.
L’amélioration de leur bien-être à travers l’accès à l’eau, aux soins et la scolarisation des enfants, accompagnés par les activités économiques réduit la
vulnérabilité de la population, leur permettant de travailler plus et renforcent ainsi leur résistance face aux crises.

Algocuture pratiquée par les membres du VOI FIKASOA